Toutes les armées du monde ont utilisé mais rarement montré une main-d'œuvre "servile". L'histoire a longtemps été silencieuse à ce sujet, à part peut-être le zouave de Banania. Comment expliquer que des esclaves et des affranchis, dont le nombre a toujours été ressenti par les autorités comme une menace latente, ont été engagés comme soldats dans des corps d'élite, des milices ou l'armée régulière ? Sur quels types de loyauté, de fidélité se fondaient ces mêmes, autorités pour prendre de tels risques ? Cet ouvrage analyse l'importance de la fonction militaire pour l'intégration des anciens esclaves et des affranchis dans la société à travers une comparaison entre monde musulman et monde chrétien, du XIIIe au XXIe siècle. Au XIXème siècle, certains des esclaves arrivant à Tunis sont victimes de la guerre de course en Méditerranée (il s'agit surtout de captifs originaires des côtes méditerranéennes de l'Europe - états italiens, sud de la France, ou Espagne - qu'on pourra appeler mamelouks de l'« Occident »). D'autres, comme le petit Husayn, ont été achetés sur les marchés ottomans de la Méditerranée orientale (Istanbul, en particulier) et proviennent en majorité, à l'époque, d'Asie centrale ou d‟Europe orientale (et l'on qualifiera ceux-là de mamelouks « orientaux », ou de l'est de la Méditerranée). Les rapports entre ces esclaves et leurs respectives communautés d'origine étaient presque complètement coupés ; mais ces relations différaient beaucoup à l'époque entre les mamelouks des deux catégories. Et au XIXème la distance entre Tunis et la patrie d'origine - distance qu'il convient d'apprécier non seulement du point de vue géographique mais également et surtout en termes de puissance (de pouvoir) - modifiait sensiblement la condition de ces esclaves militaires à Tunis.
Esclavage, armée et réformes à Tunis: vie d'un des derniers mamelouks à la cour du bey (XIXe siècle)
MEDICI, ANNA MARIA
2006
Abstract
Toutes les armées du monde ont utilisé mais rarement montré une main-d'œuvre "servile". L'histoire a longtemps été silencieuse à ce sujet, à part peut-être le zouave de Banania. Comment expliquer que des esclaves et des affranchis, dont le nombre a toujours été ressenti par les autorités comme une menace latente, ont été engagés comme soldats dans des corps d'élite, des milices ou l'armée régulière ? Sur quels types de loyauté, de fidélité se fondaient ces mêmes, autorités pour prendre de tels risques ? Cet ouvrage analyse l'importance de la fonction militaire pour l'intégration des anciens esclaves et des affranchis dans la société à travers une comparaison entre monde musulman et monde chrétien, du XIIIe au XXIe siècle. Au XIXème siècle, certains des esclaves arrivant à Tunis sont victimes de la guerre de course en Méditerranée (il s'agit surtout de captifs originaires des côtes méditerranéennes de l'Europe - états italiens, sud de la France, ou Espagne - qu'on pourra appeler mamelouks de l'« Occident »). D'autres, comme le petit Husayn, ont été achetés sur les marchés ottomans de la Méditerranée orientale (Istanbul, en particulier) et proviennent en majorité, à l'époque, d'Asie centrale ou d‟Europe orientale (et l'on qualifiera ceux-là de mamelouks « orientaux », ou de l'est de la Méditerranée). Les rapports entre ces esclaves et leurs respectives communautés d'origine étaient presque complètement coupés ; mais ces relations différaient beaucoup à l'époque entre les mamelouks des deux catégories. Et au XIXème la distance entre Tunis et la patrie d'origine - distance qu'il convient d'apprécier non seulement du point de vue géographique mais également et surtout en termes de puissance (de pouvoir) - modifiait sensiblement la condition de ces esclaves militaires à Tunis.I documenti in IRIS sono protetti da copyright e tutti i diritti sono riservati, salvo diversa indicazione.