Changer l’état d’esprit sur les graffitis. Venise graffée

Résumé : Les écritures urbaines contemporaines, quand elles ne sont pas publicitaires et autorisées, demeurent victime de partis pris tenaces, liés au mythe qu’une ville civile doit être avant tout un environnement surveillé. Ce préjugé enraciné dans les cultures rend difficile le discernement sur la pulsion primordiale des personnes à communiquer sur les murs. Encore aujourd’hui on a du mal à comprendre que le « bruissement de la langue » (Barthes) produit par les graffitis est un témoignage précieux de la vie de la ville et un moyen efficace pour tester les sentiments et les états de santé mentale des personnes. Une série d’instantanés de graffitis à Venise, prises par Andrea Merola, photographe et journaliste de l’ANSA (l’Agence nationale de presse associée italienne), décèle cette narration inaperçue. On examinera ces écritures en soulignant leur force rhétorique, véhiculée par les photos, et en distinguant les actes politiques, les actes artistiques et les actes de souillure. L’analyse sera utile pour mettre à l’épreuve les « symptômes de l’esthétique » de la théorie de Nelson Goodman.